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Le 8 mai 2002, à Faux la Montagne, l'héroïsme de Gaston Fanton, révoqué de son métier d'Instituteur, en 1958, pour avoir pris part au blocage du camion de rappelé qui devaient partir en Algérie, est enfin reconnu à travers cette plaque.

Du 6 au 8 mai l'association "Mémoire à Vif" et le FJT Varlin Pont Neuf organisaient à Limoges et à Faux la Montagne différentes projections de film, conférences avec pour objectif la poursuite du travail amorcé l'année précédente par des élèves du lycée Marcel Pagnol de Limoges et qui avaient produit une vidéo sur ce qui s'est passé à la Villedieu durant la guerre d'Algérie. Cette année trois dates attirèrent principalement l'attention

-Le 8 mai 1945 : la fin de la seconde guerre mondiale, mais une date qui ne signifie pas la même chose en Algérie où des milliers de personnes ont été massacrés par l'armée française à Sétif.

-Le 7 mai 1956 où des villageois de La Villedieu au comportement courageux et exemplaire s'opposèrent au passage d'un camion de rappelés qui devaient les emmener à la guerre d'Algérie.
-Le 17 octobre 1961 où des manifestations d'algériens ont été très durement réprimés.

Ci-dessous une synthèse de la présentation faite par Jean Luc Eynaudi - historien - le 7 mai 2002, au Conseil Régional du Limousin,  des évènements qui se sont déroulés à Paris en octobre 1961 : 

Les évènements entourant la date du 17 octobre 1961 constituent les journées les plus meurtrières de la guerre d'Algérie sur le territoire métropolitain : ces mêmes faits que les autorités politiques ont voulu dissimulés, niés et enfin oubliés. Il aura fallu attendre 2001 pour que la ville de Paris décide enfin la pose d'une plaque sur le pont Saint Michel pour rappeler les crimes de l'époque. Cette même décision provoquera d'ailleurs un vif conflit entre les élus de droite et de gauche au sein de la Mairie de Paris. L'une des raisons de la montée de l'extrême droite est sans doute à rechercher dans le colonialisme et l'histoire du colonialisme. Dans un contexte où le courant représentant les idées de Le Pen risque d'avoir de grandes marges de manoeuvre il faut se rappeler que ce dernier a pratiqué la torture en Algérie, en 1957, dans le cadre des services mis en oeuvre par Guy Mollet. Pourquoi ce silence relatif durant la campagne des présidentielles sur ces faits ?

Le 17 octobre 1961 est une date qui marque l'éruption, en plein coeur de Paris, des guerres coloniales. Durant l'été 1961 le général De Gaulle occupe le poste de Président de la République et son gouvernement est marqué par deux tendances : celles d'Edmond Michelet et d'Hervé Bourge qui poussent à une paix négociée avec les représentants algériens, et celle de Michel Debré favorable à l'Algérie française, et qui pousse aux méthodes les plus répressives. Malheureusement, on assiste peu à peu à une prédominance des idées de Michel Debré qui obtient le départ d'Edmond Michelet ; la torture s'installe au coeur de Paris et, en réaction, les assassinats de policiers se multiplient.

Tout au long du mois de septembre on commence déjà à trouver de plus en plus des cadavres flottant  ici où là dans les différents cours d'eau environnant Paris. C'est ainsi le sentiment de vengeance qui est de plus en plus entretenu par les plus hautes autorités : le 2 octobre 1961 Maurice Papon, alors préfet de police à Paris lance, lors des obsèques d'un policier, le mot d'ordre que "pour un policier tué, nous en tuerons dix". Il faut se rappeler qu'avant 1958, Maurice Papon fut pendant deux ans, inspecteur en Algérie et qu'il avait été un grand acteur de la mise en place des "zones interdites" ou des zones de regroupements qui concerneront plus de deux millions de personnes. Il impulsera aussi, dans l'Est de l'Algérie, une guerre particulièrement sanglante qui se traduira par une institutionnalisation de la torture.

Dans les évènements d'Octobre 1961, Maurice Papon jouera un très grand rôle en décrétant le 5 octobre un couvre-feu : officiellement il était recommandé  aux français d'Algérie de ne plus circuler dans les rues après 20h : il faut se rappeler que ces mesures s'inscrivaient dans leur caractère anti-institutionnelle... Que, sur le terrain, cela se traduira par une véritable chasse à l'homme au faciès (rafles, assassinats, tortures, humiliations...). Cette répression s'aggravera considérablement à partir du 17 octobre, puis les jours suivant avec la répression de manifestations d'Algériens dans Paris contre le couvre-feu et qui se voulaient pacifique. Ainsi, ce soir là heureux étaient les kabyles blonds aux yeux bleus qui ne correspondaient pas à la typologie raciste de la police : de nombreuses exactions seront commises, des corps jetés dans la seine à la hauteur du pont de Neuilly, même chose pont Saint-Michel , devant le cinéma "le Rex" les policiers chargeront et ouvriront le feu sur les manifestants, des Algériens seront aussi massacrés cette nuit là dans la cours même de la préfecture de police...Ce soir-là, de nombreux Algériens trouveront la mort par noyade, ou le crâne fracassé. Durant la nuit, des faux messages seront diffusés sur les radios de la police laissant entendre la mort de plusieurs policiers, alors que, le lendemain, un seul policier ne pourra reprendre normalement son service.

En 1958 le même vélodrome d'hiver, qui avait servi lors des rafles de juifs durant l'occupation allemande fut réutilisé et des exactions seront à nouveaux commises. Après la fermeture du Vel'd'hiv' c'est le palais des sports qui sera utilisé à l'occasion des évènements d'octobre 1961, avec comité d'accueil des Algériens arrêtés, deux haies de policiers frappant les détenus nouvellement arrivés, le stade Pierre de COubertin sera également utilisé.

Officiellement, pour le 17 octobre et les jours suivant, seulement deux ou trois morts seront annoncés par les autorités. Des syndiqués de l'Institut Médico-légal avoueront avoir reçu l'ordre de se débarrasser des cadavres en les jetant dans la Seine. Il est aujourd'hui encore très difficile de connaître le nombre exact de victimes, qui se situe probablement dans une fourchette allant de 200 à 400 morts. Le Général de Gaulle, lors d'un conseil des ministres, dira des évènements qu'ils sont "inadmissibles mais secondaires".

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Daniel Mermet qui fut le témoin occulaire des évènements du 17 octobre 1961 en particulier au Pont Saint-Michel à Paris anime ici  au Conseil Régional du Limousin un débat sur ce même thème - 7 mai 2002
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De droite à gauche pour cette même conférence : Jean Luc Eynaudi (Historien) et Simone de Bollardière (épouse du Général De Bollardière qui quittera l'armée française pour refuser l'inacceptable en Algérie)
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Cérémonie le 8 mai 2002 vers 11h30 pour honorer la mémoire de Gaston Fanton et pour inaugurer la plaque à son effigie.
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En arrière plan : Daniel Mermet (journaliste à France Inter) avec Thierry Letellier (maire de la Villedieu) - Devant : Simone de Bollardière en compagnie de Danielle Restoin (cheville ouvrière de l'association Mémoire à Vif)

A Paris les évènements du 17 octobre 1961 n'ont été reconnus qu'en octobre 2001 par la pose d'une plaque au pont Saint Michel à Paris - Au même moment cette commémoration a été marquée par des manifestations artistiques
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Buffet campagnard à la Villedieu le 8 mai 2002. Sur la photo l'urne où pas une voix est allée à Le Pen le 5 mai recyclée comme caisse pour le repas.

 

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A l'arrière de cette même mairie on peut découvrir une plaque honorant la mémoire de son maire qui s'est engagé en faveur de la paix durant la guerre d'Algérie

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