Situation désespérée en Palestine Au Proche-Orient, une véritable course contre la montre a commencé. Le gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon veut en découdre le plus rapidement possible, sous le prétexte fallacieux de la lutte contre le terrorisme, avec lAutorité Palestinienne et son président Yasser Arafat, assiégé dans son Quartier Général à Ramallah depuis le mois de décembre. La mobilisation de lopinion publique internationale, à défaut dactions concrètes des gouvernements, et la présence sur place de membres de missions civiles empêchent pour le moment lassassinat de Yasser Arafat et lembrasement de la région qui risque den découler. Prévue de longue date par larmée israélienne, la réoccupation des villes autonomes palestiniennes est en cours dachèvement. Provoqué par la politique de répression du gouvernement israélien, l'attentat de Nétanya, largement prévisible, a fourni à ce gouvernement le prétexte qu'il attendait pour lancer une nouvelle offensive terroriste contre la population palestinienne et ses représentants. C'est la personne même du président palestinien, démocratiquement élu, Prix Nobel de la Paix, qui est désormais visée. Mais au-delà de Yasser Arafat, c'est l'ensemble de la population palestinienne qui subit de nouveau une terrible répression. Cette nouvelle offensive militaire israélienne intervient au moment où un plan de paix globale - basé sur le droit international et le principe de la coexistence de deux Etats israélien et palestinien - vient d'être adopté par les Nations Unies et la Ligue arabe, créant un formidable espoir dune paix juste et durable dans cette région. En rejetant ce plan et en lançant son offensive criminelle, le gouvernement israélien cherche à torpiller tous les efforts de paix, à briser la résistance légitime du peuple palestinien, à perpétuer l'occupation des territoires palestiniens, à poursuivre la colonisation de Gaza et de la Cisjordanie (dont Jérusalem Est). Par la seule force des armes et l'impressionnant dispositif militaire dont dispose Israël (grâce au financement des Etats-Unis), le gouvernement israélien indique ainsi qu'il veut en finir avec toute idée de négociation qui ne soit pas menée selon ses seules vues expansionnistes. Et ce, au mépris de toutes les résolutions des Nations Unies et des Conventions de Genève. La situation est alarmante, tant dans la zone A que dans le reste de la Cisjordanie*. Les principales villes sont occupées et soumises au couvre-feu total et permanent, sans oublier les souffrances endurées dans la bande de Gaza. La population est privée d'eau, d'électricité et dans les prochains jours, la pénurie alimentaire va être aigüe. Partout, les violences et les crimes perpétrés par l'armée israélienne se multiplient, très peu connus du reste du monde. Celle-ci se livre au quotidien à des brutalités à l'encontre d'une population civile aux mains nues, réduite à la plus totale impuissance. L'armée d'occupation se livre à la fouille systématique des maisons, terrorisant les habitants en faisant irruption, mitrailleuses au poing dans leurs logis, emmenant de force tous les hommes (de 15 à 50 ans) de la famille, saccageant les lieux, allant jusqu'à faire main basse sur largent et les téléphones portables. Ces violences militaires entraînent une crise humanitaire majeure. Confinées sur place, les rares équipes médicales ne peuvent porter secours aux malades. Blessés et femmes sur le point d'accoucher sont abandonnés à leur sort. L'hôpital arabe de Ramallah a été attaqué, les deux seules ambulances disponibles confisquées et l'un des chauffeurs mis en détention. Il semblerait que des soldats israéliens utilisent même les ambulances dans des raids anti-palestiniens. Le sort des personnes qui ont le malheur d'être arrêtées est source de plus grande inquiétude encore. Celles qui le sont durant la fouille des maisons sont détenues, en plein air, dans des écoles et des camps (comme celui qui se trouve près de la base militaire de Beit El), privées d'eau et de nourriture. Quant aux policiers, beaucoup sont exécutés, par des soldats campés sur le toit des maisons, parfois à bout portant. Les corps de cinq d'entre eux, qui ne semblaient pourtant opposer aucune forme de résistance, ont été retrouvés à Ramallah, avec des impacts de balles dans la tête. La population, consciente de son extrême vulnérabilité, vit à l'heure de l'appréhension et du désespoir. Les délégations pour la paix qui se trouvent sur place, également malmenées, font part de leur inquiétude. Philippe Maréchal, membre de la Confédération paysanne et de lassociation Limousin-Palestine, qui se trouve actuellement en Palestine, dans le cadre d'une mission civile de solidarité conduite par José Bové, a été avec ses amis, bloqué par les chars israéliens. Confinée dans l'hôtel Ramallah, du 30 au 31 mars, la délégation n'a pu traverser le centre-ville que sous forte escorte militaire alors que des tirs nourris étaient perceptibles dans les alentours. A plusieurs reprises, ses membres ont constaté que les ambulances étaient interdites de circulation malgré des blessés jonchant le sol ici ou là. Aux abords du Quartier Général de M. Arafat, bombardé par larmée israélienne, la situation était extrêmement tendue. Aux dernières nouvelles émanant des membres de cette mission civile, quinze d'entre eux, dont José Bové, ont été détenus par larmée israélienne et sont actuellement expulsés vers la France. Les internationaux, dont de nombreux Français et Italiens, sauvent l'honneur de la Communauté Internationale en entourant le représentant légitime du peuple palestinien assiégé par l¹armée coloniale israélienne. D'autres se sont répartis dans les camps de réfugiés palestiniens de Bethléem, Gaza. Pour l'heure, à la demande de ses amis en Palestine, et devant l'absence d'une quelconque action des gouvernements du monde, une poignée de citoyens du monde assume la seule attitude digne : Tout faire pour empêcher l'accomplissement dun génocide annoncé. Au cours des dix-neuf mois qui viennent de s'écouler, Sharon, qui sest toujours opposé au processus de paix, a pu démanteler ce qui en restait, réduire à néant l'Autorité palestinienne, réoccuper la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ces violations des accords, signés par Israël, ont été perpétrées sans que la communauté internationale y porte un coup d'arrêt. Nous demandons instamment au gouvernement français -d'intervenir auprès de l'Etat d'Israël pour faire cesser cette agression humainement et politiquement injustifiable, protéger la population palestinienne et assurer la sécurité des militants internationaux ; -de provoquer une réunion urgente du Conseil de Sécurité pour l'envoi d'une force internationale de paix et de protection en Palestine. Nous demandons à lUnion Européenne de geler les Accords dAssociation la liant à lEtat dIsraël. Nous demandons une intervention immédiate de la communauté internationale pour l'application de toutes les résolutions des Nations Unies, le respect du droit humanitaire international, en particulier, les conventions de Genève. *L'Association Limousin-Palestine a été contactée par plusieurs membres des délégations de paix en Palestine qui ont bien voulu lui communiquer leurs différents témoignages.
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