Sommet européen de Nice
Crise du politique sur fond de
répression policière
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Cest dans un climat de plomb, et dans une ville littéralement assiégée par les forces de police, que sest tenu début décembre, le sommet européen de Nice. Dans un contexte où léconomie dicte sa loi, on voit bien à quel point les gouvernements nont pas été capables de proposer une véritable Europe sociale susceptible de remporter ladhésion populaire. |
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En arrivant à Nice le 5 décembre au soir, il était bien difficile déchapper à la vision traumatisante dune ville où les forces de police, de gendarmerie et des camions militaires, investissaient la ville en colonnes interminables. En une soirée, la ville sest retrouvée carrément coupée en deux avec, à lOuest, le quartier des hôtels de luxe susceptibles daccueillir les chefs dEtat, à lEst les quartiers plus populaires où les manifestants devaient se retrouver parqués, séparés par une véritable zone interdite allant de la promenade des Anglais jusquaux rives du Paillon en passant par lAcropolis. Malgré une forte mobilisation lors de la manifestation des syndicats le 6 décembre et les nombreuses actions organisées par Attac et les mouvements de chômeurs, ce sommet restera quand même dans les annales de la répression policière et de linterdiction de lexpression démocratique. Jacques Peyrat avait clairement annoncé la couleur en refusant daccorder des salles municipales aux associations souhaitant organiser des forums. Un petit gymnase sera finalement attribué, après bien des négociations, dans le quartier Saint Roch. Il y a eu ce train de manifestants qui avaient payé leur billet de train et qui restèrent bloqués à la frontière de Vintimille. Les manifestants essayant de bloquer la frontière feront lobjet dune répression policière. Pour la petite histoire, les responsables de la SNCF prétextèrent quils navaient plus de locomotives pour acheminer le train jusquà Nice. Il y a eu aussi la violence policière très violente à lencontre des chômeurs qui tentaient une opération trains gratuits à Paris, Lyon où Bordeaux et qui se sont fait matraquer et/ou arrêter. Il y a eu lusage abusif, et à une échelle tout à fait militaire, des gaz lacrymogènes qui recouvraient le Jeudi matin une grande partie du centre ville autour de la place Garibaldi et dépassant même la toiture de lAcropolis Il y a eu aussi une répression policière terrible qui sest exercée la journée du Jeudi 8 décembre lors de lopération blocage « pacifique » de lAcropolis : une femme enceinte plaquée violemment au sol lors dune charge de CRS avenue Jean Médecin, des personnes arrêtées, dans larbitraire le plus total, parce quils ont simplement une tête de manifestant, ou parce quil ne fallait pas prendre des photos, comme pour ce photographe battu sous les yeux ébahis de passants niçois avenue Jean Jaurès. Il y a eu aussi des affrontements très dures entre manifestants dExtrême Droite et militants de gauche. Il y a eu la désinformation médiatique qui a joué pleinement son rôle damplification des actes commis par certains manifestant ainsi que le silence assez remarquable en ce qui concerne les brutalités policières. A écouter la presse nationale, il ny avait des blessés que du côté de la Police. Fî des manifestants ensanglantés victimes des coups de matraque, ces deux vieilles dames prises dans une bousculade suite à une charge de CRS et raccompagnées au train par les pompiers avec une entorse, les nombreux passants ou manifestants incommodés ou pris de malaises... A côté de cela, le sommet Européen sest tenu presque comme si de rien nétait, excepté les discours bien calés (et décalés) de Jospin et Chirac sur la violence des manifestants. A en juger par les éditoriaux de ces grands médias qui donnent le "la" de ce que doivent penser les gens : on voit bien la très petite Europe Sociale et Politique quont été capables de nous pondre les chefs dEtat. Finalement, nest ce pas le rôle du mouvement social de construire cette Europe faite de justice et de respect des droits que nous voulons ? G.B. |
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