
Samedi 23 mars à la Maison
des Droits de l'Homme : rencontre avec des militants de Limousin Palestine autour d'un
petit déjeuner.

Yasser Zaaroura et son
interprètre

Yasser Zaaroura en
conversation avec des militants de la Maison des Droits de l'Homme et du CCFD
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Yasser Zaaroura est originaire de la ville de Nazareth et a été poussé à
l'exil en 1948. Depuis, Il vit dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr El Bared à
Tripoli au Liban et il travaille dans un centre accueillant la jeunesse. Invité à
Limoges par le CCFD, il témoigne de la situation vécue par les habitants de ce camp.
L'emplacement
du camp, choisi par les autorités libanaises couvre une surface de seulement 1 km2
pour 27000 habitants. La jeunesse, parmi les réfugiés palestiniens, est majoritaire dans
la société. L'association à laquelle j'appartiens a des branches dans presque tous les
camps de réfugiés au Liban. Pour ma part, j'ai pour responsabilité de m'occuper du camp
de Nahr El Bared. Il y a deux lois qui engendrent une situation particulièrement
précaire pour les réfugiés palestiniens au Liban:
- En 1982, Une loi a interdit le travail de la jeunesse palestinienne. Pas moins de 72
métiers sont interdits, ce qui revient à confiner les Palestiniens dans les professions
d'éboueurs et de cireurs de chaussures.
- Une loi - datant de 2001 - s'est intéressée à l'interdiction de toute possession
immobilière pour les Palestiniens hors des camps. Cette loi s'applique aussi à ceux qui
avaient déjà des possessions avec l'idée qu'ils deviennent locataires dans l'Etat
libanais.
Pour légitimer ces mesures discriminatoires, l'Etat n'a pas trouvé d'autre motif que
d'invoquer la nécessité de sauvegarder l'identité palestinienne et l'idée du retour
"chez eux" des réfugiés.
Au Liban, les Palestiniens n'ont pas le droit à la sécurité sociale, les services
interétatiques libanais ne sont pas accessible ni même le service hospitalier. Dans les
camps, 80% des jeunes sont diplômés mais il est très difficile de trouver du travail.
Face au fléau social que constitue la tentation de la délinquance, les associations
tentent de travailler avec la jeunesse en développant des activités permettant au plus
grand nombre de participer. Les activités développées dans le camp de Nahr El Bared
visent à ce que les jeunes soient des membres actifs en les amenant à l'expression, au
dialogue, et a briser le mur du silence et de la crainte que l'on retrouve dans le coeur
de la jeunesse. Il s'agit, pour ces jeunes chômeurs, de rompre avec le désespoir et de
se construire eux-mêmes.
Grâce à l'appui du CCFD, un local de 120m2 a pu être consacré à des
activités de peinture et à Internet, ce qui constitue une chance et un espoir pour
un grand nombre de jeunes du camp. Le CCFD nous a même permis de recruter un permanent
pour superviser les travaux et assurer le bon fonctionnement de la structure. Même avec
cette aide - importante - nous manquons malheureusement de beaucoup de moyens...
Avant
l'invasion Israélienne du sud Liban, c'est à dire jusqu'en 1982, l'Etat d'Israël
permettait aux réfugiés du Liban de rencontrer leurs proches restés en Palestine,
ensuite, ce ne fut plus possible. Suite au retrait israélien de 92 du Liban, les
autorités israéliennes ont permis aux Palestiniens de se voir mais, chose choquante,
seulement à travers un grillage. Il est aussi difficile d'appeler par téléphone
en Palestine depuis des camps de réfugiés au Liban. Dans ce contexte, les cassettes
vidéo sur lesquelles ont peut vaguement apercevoir un proche sont devenues, dans certains
cas, le seul lien pour des familles séparées. Cette rupture de lien a, bien évidemment,
poussé bon nombre de jeunes Palestiniens à chercher une autre nationalité en émigrant
vers d'autres pays arabes ou en occident.
Suite aux accords d'Oslo, et entre 1993 et 1999, il était bien prévu que l'on ait deux
Etats indépendants, avec deux capitales. A défaut de cela, nous avons une armée
israélienne qui agit, dans l'indifférence de la communauté internationale. Et qu'elle
est cette autorité palestinienne qui n'a pas la maîtrise de son territoire, et quel est
ce drôle d'Etat où les ministres doivent demander des autorisations de sortie du
territoire aux autorités israéliennes ? |