Le CCFD accueillait en Haute Vienne et en Creuse du 17 au 25 mars
un partenaire palestinien à l'occasion de la campagne 2002 :
"Poser les fondements de la paix"


Samedi 23 mars à la Maison des Droits de l'Homme : rencontre avec des militants de Limousin Palestine autour d'un petit déjeuner.


Yasser Zaaroura et son interprètre


Yasser Zaaroura en conversation avec des militants de la Maison des Droits de l'Homme et du CCFD

 

Yasser Zaaroura est originaire de la ville de Nazareth et a été poussé à l'exil en 1948. Depuis, Il vit dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr El Bared à Tripoli au Liban et il travaille dans un centre accueillant la jeunesse. Invité à Limoges par le CCFD, il témoigne de la situation vécue par les habitants de ce camp.

L'emplacement du camp, choisi par les autorités libanaises couvre une surface de seulement 1 km2 pour 27000 habitants. La jeunesse, parmi les réfugiés palestiniens, est majoritaire dans la société. L'association à laquelle j'appartiens a des branches dans presque tous les camps de réfugiés au Liban. Pour ma part, j'ai pour responsabilité de m'occuper du camp de Nahr El Bared. Il y a deux lois qui engendrent une situation particulièrement précaire pour les réfugiés palestiniens au Liban:

- En 1982, Une loi a interdit le travail de la jeunesse palestinienne. Pas moins de 72 métiers sont interdits, ce qui revient à confiner les Palestiniens dans les professions d'éboueurs et de cireurs de chaussures.

- Une loi - datant de 2001 - s'est intéressée à l'interdiction de toute possession immobilière pour les Palestiniens hors des camps. Cette loi s'applique aussi à ceux qui avaient déjà des possessions avec l'idée qu'ils deviennent locataires dans l'Etat libanais.

Pour légitimer ces mesures discriminatoires, l'Etat n'a pas trouvé d'autre motif que d'invoquer la nécessité de sauvegarder l'identité palestinienne et l'idée du retour "chez eux" des réfugiés.

Au Liban, les Palestiniens n'ont pas le droit à la sécurité sociale, les services interétatiques libanais ne sont pas accessible ni même le service hospitalier. Dans les camps, 80% des jeunes sont diplômés mais il est très difficile de trouver du travail.

Face au fléau social que constitue la tentation de la délinquance, les associations tentent de travailler avec la jeunesse en développant des activités permettant au plus grand nombre de participer. Les activités développées dans le camp de Nahr El Bared visent à ce que les jeunes soient des membres actifs en les amenant à l'expression, au dialogue, et a briser le mur du silence et de la crainte que l'on retrouve dans le coeur de la jeunesse. Il s'agit, pour ces jeunes chômeurs, de rompre avec le désespoir et de se construire eux-mêmes.

Grâce à l'appui du CCFD, un local de 120m2 a pu être consacré à des activités de peinture et à Internet, ce qui constitue  une chance et un espoir pour un grand nombre de jeunes du camp. Le CCFD nous a même permis de recruter un permanent pour superviser les travaux et assurer le bon fonctionnement de la structure. Même avec cette aide - importante - nous manquons malheureusement de beaucoup de moyens...

Avant l'invasion Israélienne du sud Liban, c'est à dire jusqu'en 1982, l'Etat d'Israël permettait aux réfugiés du Liban de rencontrer leurs proches restés en Palestine, ensuite, ce ne fut plus possible. Suite au retrait israélien de 92 du Liban, les autorités israéliennes ont permis aux Palestiniens de se voir mais, chose choquante, seulement à travers un grillage. Il est aussi difficile d'appeler par téléphone  en Palestine depuis des camps de réfugiés au Liban. Dans ce contexte, les cassettes vidéo sur lesquelles ont peut vaguement apercevoir un proche sont devenues, dans certains cas, le seul lien pour des familles séparées. Cette rupture de lien a, bien évidemment, poussé bon nombre de jeunes Palestiniens à chercher une autre nationalité en émigrant vers d'autres pays arabes ou en occident.

Suite aux accords d'Oslo, et entre 1993 et 1999, il était bien prévu que l'on ait deux Etats indépendants, avec deux capitales. A défaut de cela, nous avons une armée israélienne qui agit, dans l'indifférence de la communauté internationale. Et qu'elle est cette autorité palestinienne qui n'a pas la maîtrise de son territoire, et quel est ce drôle d'Etat où les ministres doivent demander des autorisations de sortie du territoire aux autorités israéliennes ?

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