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Questions
croisées à cinq militants de la Haute Vienne à
la fin du Forum Social Européen : Marie Muller (Maison des
chômeurs), Olivier Mazaudoux (étudiant en Droit de l'Environnement),
Anne Pastre (militante de la FSU), Sébastien Markovic (militant de la LCR) et Renée Mouazan (ATTAC et
Artisans du Monde) :
Q : Quelles étaient vos motivations pour
venir à Florence?
Marie : Je suis venu pour parler des alternatives et
écouter les expériences des autres. Je souhaitais élargir mon point de vue sur
plusieurs luttes comme par exemple la cause du peuple palestinien.
J'ai compris sur ce sujet qu'i fallait être contre l'occupation
sans être contre les uns ou les autres. Je suis venu aussi pour acquérir
des arguments avec l'objectif de défendre des idées positives pour aller
dans sens qu'un autre monde est possible.
Olivier : Pour moi, je voulais trouver des arguments sur les questions concernant le domaine de l'environnement que j'étudie à la faculté et
avoir des points de vue militants.
Anne : Je voulais participer au Forum Social Européen parce que j'en ai vraiment marre de regarder la vie se dérouler à la télévision. Je
voulais aussi voir ce qu'implique les processus de privatisation
pour un domaine qui me concerne : "l'éducation". Il
était important pour moi de participer aux conférences de ce
Forum Social Européen tout comme de me joindre à la grande manifestation
contre la guerre.
Sébastien : Je suis venu dans une logique militante. Je voulais m'inscrire dans la continuation de ce que l'on fait toute l'année sauf que là il
s'agit d'une échelle européenne et internationale. Après
Seattle, Gênes, il me semblait important de participer à ce
courant qui grossis et monte pour nous montrer qu'un autre monde
est possible et qu'il est en construction. Ainsi on se coordonne
pour échanger sur nos idées, nos combats.
Renée : J'ai vraiment conscience que la situation du
monde actuel ne peut plus durer : cette accentuation des
inégalités entre le Nord et le sud, et à l'intérieur même des
pays. J'avais envie aussi de rencontrer d'autres gens pour discuter de la construction
d'un autre monde. Je suis là autant pour apprendre beaucoup de choses
que pour me conforter dans mes convictions à l'occasion de la
rencontre avec les autres.
Q : Parmi toutes les conférences suivies, quelles sont les grandes idées qui vous ont le plus marquées ?
Marie : Oui, sur une conférence c'est faire la différence
entre communication et information. J'ai pu comprendre qu'à la
télévision il s'agissait d'informations dans le sens vertical. On
ne donne pas toutes les clefs pour que le téléspectateur puisse
faire son propre jugement. Ils procèdent par simplification alors
que chaque problème qui touche le monde relève d'une grande complexité.
La communication doit être l'occasion de bien développer des sujets où
l'on fait intervenir la réflexion de chacun un peu comme si l'on suivait une formation. C'est pourquoi je pense qu'il est important qu'il y ait une
presse alternative.
Olivier : J'ai surtout été attiré par plein de petits détails car je connaissais déjà les grandes lignes de la question qui m'intéresse : l'environnement. J'ai été frappé par le côté mortifère de la
société que décrit Jean Pierre Berlan : une agriculture qui
devrait produire des denrées pour faire vivre l'humanité et qui
finalement épuise la nature. Dans une situation où les
écosystèmes ne peuvent plus suivre on en arrive à développer
une technologie qui nous dépasse complètement.
Anne : J'ai été marquée surtout par l'idée de construire une force d'opposition européenne et qui soit unique. Au niveau de la conférence
"Femme et Syndicalisme" elles ont parlé de construire un
mouvement de femmes européennes. Il y a aujourd'hui vraiment un
potentiel pour que les luttes soient unifiées. Même si ce
mouvement d'unification est en construction, il existe réellement.
Sébastien : Ce qui m'a frappé, c'est la mise en commun de nos idées. La mondialisation capitaliste provoque les mêmes dégâts dans le monde
entier. Contre ces mêmes maux, on essaie de trouver les mêmes remèdes. C'est aussi la constitution
d'une sorte de nouvelle internationale qui est en gestation et qui ne ressemble pas aux précédentes.
Renée : La conférence sur la démocratie participative où il y avait la
présence de l'ancien maire de Porto Alegre et le maire de Florence
m'a le plus frappé. Ainsi j'ai pris conscience de la différence
que l'on doit faire entre le modèle de la démocratie élective
qui est aujourd'hui sérieusement en crise et la démocratie participative.
Cette présentation est aussi très nouvelle pour moi. Les séminaires
sur les Services Publics m'ont terriblement convaincu de la nocivité des
processus de privatisation comme dans les domaines de l'eau ou des transports.
Qu'avez vous pensé de l'ambiance
général de ce Forum?
Marie : Il y a vraiment énormément de conférences, cela
fait beaucoup de choses en même temps et je regrette d'avoir
loupé certains débats, j'espère qu'un compte-rendu sera fait de
toutes les conférences.
Olivier : C'est quelque chose de super constructif .Pour une première, ce Forum Social Européen est historique. On a vraiment pris pied dans la constitution d'un contre-pouvoir européen. Il y a encore quelques
temps, on nous aurait pris pour des fous en évoquant un pareil
projet. Ceci dit, les faits sont là, les contre-pouvoirs existent
et c'est le plus bel exemple de l'exercice de la démocratie.
Anne : l'ambiance a été super bonne. Malgré une affluence énorme, j'ai trouvé cette foule particulièrement paisible. Malgré un tel peuple,
je ne me suis jamais sentie oppressée. J'ai vraiment été
touchée par cette ambiance qui n'est pas uniquement tournée vers
le côté festif mais aussi vers la résistance.
Sébastien : C'est très ! Très ! Positif ! Les échanges ont été
nombreux, le nombre de participants bien
plus important que prévu et dans les manifs, la proportion de
jeunes étaient très importante. Dix ans après la chute du mur de
Berlin, où ils affirmaient que nous allions assister à la fin des idéaux
et malgré toute la propagande diffusée par des médias majoritairement tournée contre nous : malgré tout cela, on voit que beaucoup de gens
veulent croire qu'il est possible de contester un modèle
capitaliste que l'on nous disait indépassable. On l'a vu à
Florence avec l'apogée de samedi et les 500 000 manifestants.
Renée : J'ai trouvé cela pas mal mais je n'ai pas eu
tellement d'échanges interpersonnels à cause de la barrière des
langues, d'un emploi du temps vraiment très chargé et surtout
aussi d'être noyé dans l'affluence de la foule. J'ai quand même
beaucoup apprécié l'espace central où l'on trouve une grande quantité
de stands où l'on peut s'informer et prendre des contacts. |