2ème Forum Social Européen 12/15 novembre
2003 |
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Partenariat entre l'Europe et l'Asie
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Vendredi
14 novembre, en fin d'après midi, à la Maison de la Culture de Bobigny, se tenait la
conférence plénière sur le thème "Europe - Asie : accords économiques, luttes
sociales et populaires face aux politiques néo-libérales". Avec la perspective
de l'organisation du 4ème Forum Social Mondial en Inde en janvier 2004, cette réunion
prenait une importance particulière. Sally Rousset du Centre Lebret (à Paris) introduit cette conférence par une présentation générale du thème. Elle regrette que les liens entre l'Europe et l'Asie soient au niveau de la société civile moins développés qu'avec la Méditerranée, l'Amérique ou l'Afrique. En 1996, il y a eu le 1er Forum Populaire Asie Europe et le prochain devrait se tenir à l'automne 2004 au Viêt-Nam. Pour l'instant, dans le cadre de ce Forum Populaire entre l'Europe et l'Asie des groupes de travail se sont constitués sur les thèmes suivants : l'interculturel, l'interreligieux, l'eau ou la question des migrants. Le partenariat qui existe au niveau des Etats entre l'Europe et l'Asie n'a fait qu'accroître la libéralisation. L'enjeu principal pour les mouvements sociaux est de s'attaquer à ce programme néo-libéral qui est porté par l'Europe, même si elle est moins présente que les Etats-Unis en Asie sur le plan économique. L'ASEAN (Association des Nations de l'Asie du Sud-est) collabore avec les Etats Unis dans la guerre contre le terrorisme. Le nouveau système de sécurité qui se développe a pour effet de renforcer les régimes autoritaires et de remettre en cause les éventuelles avancées démocratiques. Si l'on prend les exemples de la Malaisie et de l'Indonésie, cet engagement, au côté des américains, se traduit par l'accélération du processus de privatisation des services publics. Les gains de ces privatisations servent à dégager des fonds pour répondre aux exigences de Washington en matière de sécurité. L'Organisation Mondiale du Commerce est un élément clef pour appuyer la politique de l'Union Européenne qui privilégie l'intérêt de ses multinationales. Cette politique en faveur des multinationales européennes constitue une atteinte pour les populations asiatiques : sur le plan de la souveraineté alimentaire, par rapport au durcissement des régimes militaires locaux . L'enjeu pour la société civile asiatique est aussi de combattre les politiques européennes et en particulier la politique française qui s'illustre par l'importance des ventes d'armes et le soutien à des régimes les plus détestables comme en Birmanie. Vivek Monteiro du Comité d'Organisation Indien du prochain Forum Social Mondial intervient à son tour. Il évoque les différentes formes de fascismes qui puissent exister en Inde et dans les pays limitrophes comme des conséquences de la période coloniale. Aujourd'hui, en Inde, il y a une sorte de fascisme nationaliste civil qui se caractérise par une certaine agressivité contre la démocratie et la justice sociale. Il s'agit aussi de créer des liens entre les peuples indiens et pakistanais pour lutter contre ces idéologies. Dans cette région, lutter contre le nationalisme et le fondamentalisme nécessite aussi de mieux contrôler les frontières économiques et éviter que les effets de la mondialisation libérale n'exacerbent les tensions. Karamat Ali du Forum Social pakistanais considère que l'on se focalise trop sur le conflit entre l'Inde et le Pakistan. Les élites des états d'Extrême Orient ne veulent pas des Etats qui permettraient une véritable intégration des minorités. L'attitude de ces pays se caractérise surtout par l'autoritarisme et le militarisme. La religion est utilisée comme un outil porteur d'idéologie et pour séduire la majorité religieuse d'un pays. Ils disent défendre leur nation et ils le font par une militarisation qui contrairement à d'autres régions du monde n'a pas cessé de croître : +21% d'accroissement de budget en dépenses d'armements en Asie du Sud-est durant les cinq dernières années contre -24% en Europe. Il faudrait bannir cette guerre qui existe entre l'Inde et le Pakistan. En ce moment, des accords se nouent entre les syndicats des deux pays et nous espérons que ces efforts aboutiront à des résultats concrets pour la paix. L'autre élément positif est le développement de relations avec l'Europe. Il faut voir aujourd'hui que l'Europe et la France en particulier jouent un rôle important dans les ventes d'armes et il est regrettable que la France se soit illustrée en vendant des sous-marins aussi bien à l'Inde qu'au Pakistan. Il faut insister sur le fait que nos sociétés civiles en Asie et en Europe doivent s'accorder sur les valeurs les plus importantes à défendre comme la paix entre les peuples, plutôt que de sauver des emplois qui servent à fabriquer des armes et renforcent les régimes autoritaires en Asie du Sud-Est. Le Forum Pakistanais se tiendra à Lahore les 12 et 13 janvier prochain et un convoi de la paix le long de la Frontière constituera un trait d'Union symbolique pour la paix juste avant le Forum Social Mondial. Ita Fatia Nada militante des droits de l'homme en Indonésie nous parle de son pays constitué de 13000 îles et de 12000 communautés linguistiques comme une région marquée à l'origine par une forte tolérance entre les communautés religieuses. Elle décrit un pays particulièrement marqué par les conflits sociaux et une violence sociale qui s'est développée depuis 1965 et la transition politique. Après trente ans du régime de Suharto la paix et la démocratie restent encore une perspective difficile à atteindre. Sous l'aire Suharto, l'élite politique s'est livrée à une lutte fratricide procédant par cooptation. La manière dont le pays est mal géré sur le plan économique a conduit de nombreuses personnes à être marginalisées et réduites à la pauvreté. Aujourd'hui la vie politique est caractérisée par le problème du fondamentalisme religieux et des dépenses militaires excessives. Ita Fatia Nada évoque aussi son travail au sein de la Commission contre la violence des femmes et de leurs actions en faveur de la paix. Eva Olaer Ferraren du Mouvement Populaire Féminin pour la Paix expose le cas des Philippines. Dans la guerre contre le terrorisme, des gens ordinaires sont considérés comme des terroristes et sont confrontés directement à des problèmes de survie. La situation est particulièrement préoccupante au Sud des Philippines à Mindanao. On assiste à des expulsions forcées des commerçants musulmans ou indigènes. Cet archipel est devenu une véritable garnison militaire où l'armée des Philippines est renforcée dans son oeuvre par l'armée américaine. Par ici, le libéralisme se combine avec les campagnes anti-terroristes. Les populations tribales sont les principales victimes. On détruit le tissu social et l'Etat parle d'un conflit entre chrétiens et musulmans. En réalité, il s'agit principalement de vider Mindanao de ses ressources aux détriments des populations et en faveur des investisseurs étrangers. Dans cette région on trouve 30% de la population des Philippines mais 40% des productions agricoles. L'enjeu principal est de fortifier le mouvement social. Ce qui est le plus juste vient de la base de la population à un niveau local, et non de la globalisation qui n'apporte que des catastrophes pour les gens qui vivent à Mindanao. Cai Chongguo du Mouvement pour la Démocratie en Chine présente la réalité des luttes sociales dans la Chine d'aujourd'hui. L'expression des mouvements sociaux n'est pas encore évidente en Chine et pourtant nous assistons à des tentatives de créations de syndicats indépendants. Comme éléments révélateurs de la crise en Chine, il y a ces actions de revendications qui ont lieu autour de Noël et du 1er de l'an, et qui consistent pour certains chinois à se jeter en haut des tours d'immeubles ou de s'immoler par le feu dans des lieux publics. D'ailleurs le gouvernement tente de trouver la parade en ayant équipé la police d'extincteurs. Actuellement la tension sociale en Chine est véritablement forte. Si les chiffres officiels montrent un taux de chômage à 4%, les experts dans les revues économiques s'accordent à le situer entre 12 et 14%. Il n'y a pas de sécurité sociale pour une grande partie de la population. La peur du chinois est que l'enfant grandisse trop vite et que l'éducation finisse par coûter très cher. En 1989, l'agitation sociale venait principalement des étudiant. Actuellement nous assistons à contrario à une fronde qui se développe dans les milieux ouvriers et encore davantage chez les paysans. Aujourd'hui les chinois ont tendance à se méfier des policiers et des enseignants. Ils expriment aussi une grande peur de l'avenir. L'entrée de la Chine dans l'OMC n'a fait qu'accroître l'aspect d'une mondialisation qui est profondément inhumaine. Les licenciements se multiplient partout au nom de la diminution des coûts. Beaucoup d'entreprises d'Etat sont écrasées par la sévère concurrence des grands groupes multinationaux. Un grand nombre de Chinois ressentent par rapport à cette mondialisation un sentiment d'infériorité : la Chine ne protège pas assez ses industries et les investissements dans la recherche ont été perdus. Aujourd'hui, en Chine, on fabrique beaucoup de jouets mais l'on est incapable de produire des voitures d'où un certain nationalisme qui se développe. La réalité de la Chine aujourd'hui est vraiment difficile à connaître. On nous montre bien les grandes villes qui évoluent très vite et qui présentent une certaine vitrine, mais dans le reste du pays, la réalité est tout autre : les paysans sont ruinés, 5% des chinois disposent de 80% de l'épargne des banques soit 30 millions de riches bien formés et parlant anglais. Il faut se méfier du double langage de la Chine et en particulier des responsables des syndicats officiels. Même si le travail que fait la CGT en France pour défendre les droits sociaux est très important, il est toutefois regrettable que ce syndicat reconnaisse comme partenaire le syndicat officiel chinois qui joue dans le pays le même rôle que la police. Aujourd'hui un fort sentiment de protestation règne dans les campagnes où les actions de blocages de routes, de voies de chemins de fer, d'usines...Les mouvements sociaux tendent à prendre aussi de nouvelles formes, et malgré la répression, il pourraient très prochainement prendre de l'ampleur. Plusieurs idées ressortent du débat : |
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