2ème Forum Social Européen  12/15 novembre 2003
Paris Saint-Denis Bobigny Ivry sur Seine
Compte-rendu par Guillaume Bertrand

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Témoignages de limousins

Questions croisées à cinq militants de la Haute Vienne après le deuxième Forum Social Européen : Philippe Maréchal de la Confédération Paysanne et de Limousin Palestine, Claudine Chauvier d'Attac, Olivier Peuch de France Amérique Latine, Renée Mouazan d'Artisans du Monde et Paul Mandonnaud d'ATD Quart Monde.
Q : Quelles étaient vos motivations pour venir au Forum Social Européen ?
Philippe :
Je suis venu rencontrer des militants qui font partie des mouvements de solidarité nationaux ou internationaux. Je voulais voir de visu un certain nombre d'orateurs dont j'ai lu les écrits, écouter des confrontations de points de vue et donner le mien le cas échéant. J'ai aussi participé au stand de restauration de la Confédération Paysanne de Haute Vienne à Saint Denis.
Claudine : Je voulais voir à quoi ressemble le Forum Social Européen et prendre la mesure de ce que recouvre le mouvement altermondialiste, son côté international. Je suis venue aussi pour m'informer dans une démarche personnelle d'apprentissage.
Olivier : Je voulais en savoir plus sur le mouvement altermondialiste autrement qu'à travers ce qu'en disent les médias. Je suis très sensible à ce qui se passe en Amérique Latine et je souhaitais avoir des informations autres de ce que l'on trouve dans les revues. Aujourd'hui je ne me retrouve pas dans ce que proposent les partis politiques et savoir quelles réponses peuvent apporter les mouvements sociaux m'intéresse.
Renée : Pour rencontrer d'autres associations et mouvements qui s'engagent pour un autre monde. Pour rencontrer aussi des altermondialistes qui n'ont pas la même façon de travailler. Pour moi ce Forum Social s'inscrit dans la suite logique du Forum Social Européen de Florence, du Forum Social Limousin ou encore le prochain Forum Social Mondial en Inde auquel je vais participer.
Paul :
Compte tenu des actions qui se font en Limousin au niveau d'ATD, il me semblait important d'aller rencontrer des militants d'autres pays pour échanger sur des expériences d'actions et mieux pouvoir défendre les personnes  qui m'ont envoyé de Limoges à ce forum.
Q : Parmi toutes les conférences suivies, quelles sont les grandes idées qui vous ont le plus marqués ?
Philippe :
A propos du Proche-Orient, j'ai vraiment été frappé par la capacité des acteurs sociaux israéliens et palestiniens à rapprocher leur point de vue et d'imaginer des façons de régler le conflit dans le sens de la justice et du respect des droits. J'ai constaté chez les militants juifs présents une capacité à critiquer leur propre société et à en relever les aspects non démocratiques. Les problèmes que posent la Constitution Européenne et son inspiration d'ordre néo-libérale ont été bien mises en avant. Ainsi la Constitution Européenne intègre le modèle productiviste qui vise à optimiser les moyens de production au détriment des petits producteurs.
Claudine : Oui j'ai retenu qu'il fallait faire barrage à l'économie libérale, mais pour moi ce n'est pas une nouveauté. Il y a pas mal de conférences où je n'avais pas l'impression d'apprendre grand chose. Les gens parlaient trop les uns après les autres et les échanges manquaient un peu avec le public. J'ai été intéressée par la présence simultanée d'Israéliens et de Palestiniens à une tribune.
Olivier : Pour arriver à une meilleure répartition des richesses, les mouvements sociaux doivent s'organiser sur le plan européen et mondial afin d'avoir une véritable incidence sur les politiques réellement mises en oeuvre. Malgré toutes les difficultés qu'il y a en Amérique Latine, les mouvements sociaux arrivent à de grandes victoires qui donnent espoir comme au Venezuela avec Chavez et en Bolivie. Face à cette idée fausse que l'on ne peut rien faire avec la politique, que le monde va mal , il y a beaucoup de gens qui ne baissent pas les bras.  Finalement il y a beaucoup de choses à faire  pour lutter en faveur des droits de l'Homme.
Renée : Certains conférenciers m'ont vraiment mise en alerte sur des problèmes tels que le racisme qui monte dans le monde, surtout la peur de l'Islam, l'islamophobie mais aussi l'antisémitisme. J'ai entendu aussi ce cri d'alarme sur la nécessité de changer notre mode de vie car si on continue comme ça dans un tel pillage des ressources on va être confronté à des problèmes environnementaux graves et à l'épuisement des ressources énergétiques comme le pétrole.
Paul :
En Europe, on s'aperçoit qu'il y a une régression sociale générale. Et que cette remise en cause des avantages sociaux acquis se fait au détriment des populations les plus défavorisées. J'ai été frappé par des témoignages venus de militants des pays du sud comme le Brésil qui montre l'importance d'asseoir les combats sociaux à partir des communautés de base. Il faut partir des solidarités développées sur le terrain avant de vouloir convaincre les municipalités, les élus, voir changer le pouvoir politique. A travers les échanges, j'ai pu me rendre compte qu'au sein des couches de la société les plus défavorisées, il y a une plus grande lucidité sur l'évolution de la société que parmi les classes bourgeoises et dirigeantes. Il est important d'essayer d'être attentif à la pensée et aux expériences des gens les plus simples.
Qu'avez vous pensé de l'ambiance générale de ce Forum?
Philippe :
J'ai trouvé ça sympa avec une forte présence de jeunes et beaucoup d'étrangers comme les italiens et les espagnols. La manifestation était hyper festive, sympa et avec des militants très engagés. Mais on est loin d'avoir atteint la même mobilisation qu'à Florence et les français auraient dû se bouger davantage.
Claudine :
J'ai vraiment trouvé que c'était la foire mais avec un côté sympathique. Malgré le fait que je sois venue seule, j'ai pu parler avec des tas de gens que je ne connaissais pas et tout cela d'une façon des plus spontanées et conviviales. Je regrette quand même qu'un débat consacré à la diversité culturelle ai été transformé en débat sur la défense de la cause basque.
Olivier : J'ai trouvé l'ambiance plutôt studieuse et j'ai été impressionné par la qualité des réflexions que les jeunes de 18-20 ans ont apportée. Souvent les médias utilisent les qualificatifs de  "marginaux", "d'utopistes" et de "pas sérieux" pour qualifier le mouvement . En réalité dans les débats, même si des jeunes peuvent parfois avoir le look "baba cool" c'est pour apporter des réflexions sérieuses qui correspondent à une réalité concrète. Ce que j'ai vu contre dit certains médias qui font plus références à leurs préjugés pour décrire le mouvement altermondialiste. 
Renée : J'ai bien aimé l'implication des habitants de Saint Denis dans le déroulement de la cérémonie d'ouverture. A Ivry sur Seine j'ai participé au Forum Social Européen comme bénévole et j'ai bien apprécié l'ambiance qu'il y avait entre nous. Par contre, pas mal de personnes se sont plaintes d'avoir des difficultés à trouver les salles. Le cinéma où je suis restée la plupart du temps n'était accessible qu'après avoir pris deux bus différents après la sortie du métro  à moins de faire 25 minutes de marche à pied. J'ai trouvé que l'ambiance de la manifestation était bonne hormis la queue du cortège où  j'ai eu la surprise de voir que certains membres du service d'ordre du parti socialiste marchaient à reculons et une personne m'a demandé de m'éloigner en raison du caractère dangereux de la situation : il y avait des jets de projectiles. J'ai remarqué aussi que les sans papiers étaient vraiment venus très nombreux et que le cortège d'ATTAC était plutôt dilué dans toute la manifestation.
Paul : J'ai découvert un grand brassage d'expériences. J'ai été frappé par le sérieux qu'il y avait dans les débats, cette capacité d'engagements des représentants présents dans des lieux de vie. J'ai apprécié cet esprit de fête et de liberté avec une forte présence de jeunes de différents milieux et nationalités. Je ressors avec plein d'espérance car il y a vraiment beaucoup de gens qui veulent changer le monde et qui ne se laissent pas aller à l'irrévocable pensée actuelle défaitiste.

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