Grand rassemblement contre l'OMC - Larzac 2003
Compte rendu par Guillaume Bertrand - Août 2003

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Désobéissance civile et non violence


Une bonne partie de la journée du vendredi 8 août et tout le samedi 9 août, différents forums seront organisés sous d'énormes tentes dont le nom rappelle différents rendez-vous  pour militants altermondialistes, telles que Cancun, Gênes, Seattle ou Porto Alègre

Les organisateurs du village intergalactique d'Annemasse et l'association Alternative Non Violente ont proposé, en soirée du vendredi 8 août, dans le Chapiteau appelé "Porto Alegre", un débat sur le thème de la désobéissance civile.

Alain Réfalo, de l'association Alternative Non Violente, a rappelé certains fondamentaux concernant la désobéissance civile. L'action de désobéissance civile se distingue de l'objection de conscience par le fait qu'elle implique plusieurs personnes dépassant une simple prise de position personnelle. Cette action se situe aussi dans la non violence, bien qu'elle implique d'enfreindre la loi quand elle est injuste. C'est tout le sens de ces luttes qui s'inscrivent dans la durée comme le combat des paysans du Larzac contre l'extension du camp militaire qui a duré 10 ans ou encore la lutte d'indépendance de Gandhi qui s'est étalée sur une période de 30 ans. Alain Refalo a aussi rappelé des exemples récents de désobéissance civile, comme le renvoi des papiers militaires ou le refus de l'impôt dans les années 70 ou encore plus dernièrement les actions de réquisition de Droit au Logement ou des cinéastes mobilisés contre la loi Debré concernant les étrangers. Il rappelle aussi une parole de José Bové "les formes de résistances que l'on emploie portent en elles le type de société que l'on veut construire". Une des règles importantes étant que les actions doivent se faire au grand jour, ce qui implique d'assumer aussi la répression qui peut s'en suivre. Dans la durée et dans le cadre d'actions bien pensées, le pouvoir se trouve confronté au dilemme suivant : ne pas réprimer et être affaibli par le fait que des individus enfreignent la loi ou les réprimer et prendre le risque d'un retournement de l'opinion publique. Un autre aspect important est que cette remise en cause de la loi entraîne aussi la nécessité que l'on ai des propositions qui doivent faire progresser la loi dans le sens de plus de justice. Ainsi transgresser la loi n'est pas une fin en soi mais implique la participation du plus grand nombre pour être efficace.

Un militant du mouvement des Disobbedienti italiens évoque les actions menées récemment en Italie contre la guerre en Irak ou pour le démantèlement des centres de détention pour immigrés. Il explique que nous ne devons pas nous contenter de dénoncer simplement des injustices mais qu'il faut aussi descendre dans la rue. Il partage profondément la lutte des Paysans Sans Terre des pays du sud, comme il approuve les actions, menées par la Confédération Paysanne, de destruction ciblée des plans de maïs transgénique. Le débat a tourné principalement autour de l'idée que les dernières mobilisations contre la guerre en Irak ou en France, contre la réforme des retraites n'ont pas permis d'arrêter le processus. La question se pose donc de mettre en place des actions plus radicales et malgré la répression du mouvement social qui s'exerce sur les actions de désobéissances. On y va ou pas ? C'est une question individuelle qui reste encore difficile à résoudre. La mobilisation des masses reste une question cruciale : il faut une prise de conscience forte et nécessaire, que nous sommes dans une société confrontée à une même guerre globale et permanente.

Il y a cette pression des médias, qui tendent eux aussi à criminaliser les mouvements sociaux, en stigmatisant les grévistes qui compliquent la vie des usagers, en faisant le jeu du pouvoir qui tente de faire passer des actions comme celle de José Bové comme des actes de délinquance. Alain Réfalo évoquera le procès de Nuremberg sur le régime nazi où des personnes ont été condamnées pour crime d'obéissance. Décidément, face à l'injustice, le devoir de désobéissance reste une notion à défendre et la lutte s'inscrit dans la durée.


La tribune du forum sur la désobéissance civile
ici sous la tente "Porto Alegre"


Vers 20h30 le soleil continu encore à chauffer
un public pourtant attentif et participatif

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