Grand rassemblement contre l'OMC - Larzac 2003 |
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La répression : le néolibéralisme par la peur
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Dans la matinée du 9 août, Daniel Mermet animait
un forum sous la tente "Porto Alegre" traitant du thème de la peur
sociale du citoyen, de la criminalisation de la misère et du mouvement social. François Roux (avocat de la Confédération Paysanne) évoque en premier lieu la résistance du Larzac, dont la réussite a été aussi d'avoir recours à l'humour. Il rappelle l'anecdote de ce procès à Rodez où les brebis faisaient face au CRS dans la salle d'audience avant d'être terrorisées à un tel point qu'elles avaient crottés partout. L'un des autres facteurs de réussite étaient constitués par des actions illégales qui se faisaient à visage découvert, au grand jour. La désobéissance civile n'est pas quelque chose qu'il faut prendre à la légère et des conséquences peuvent s'en suivre comme la prison. François Roux évoque aussi l'idée du jeûne, qui dans certain cas peut se révéler une arme efficace. Si José Bové n'avait pas été libéré, nous étions quelques uns décidés à engager un jeûne. Dans cette situation nous avons gagné parce que nous étions les plus faibles. Nous avons le devoir de résister, mais il ne faut pas se tromper de mode d'action avec le risque d'aller trop loin et d'être amalgamés à la délinquance et de servir de justificatif à un renforcement de la répression des mouvements sociaux. Gilles Sénati (juge d'instruction) parle de la justice comme une machine à punir. Pour lui, l'important est de respecter le débat contradictoire, ce qui implique un certain équilibre entre la défense et l'accusation. Il dénonce aussi la tendance actuelle, qui est d'évacuer ce qui relève de l'avocat et qui atteint en priorité les justiciables les plus faibles. Il stigmatise également le corporatisme de la police : ils se disent l'élite de la nation, ce qui conduit à des abus de pouvoir. Gilles Sénati évoque alors l'importance excessive accordée à des personnages tels qu'Alain Bauer et Xavier Raufer qui ont élaboré des théorie comportementalistes sur les violations de la loi et accélèrent de ce fait l'américanisation de la justice française : multiplication des comparutions immédiates, confusion entre droit pénal et droit social, augmentation du taux d'incarcération qui dépasse aujourd'hui celui atteint sous le régime de Vichy avec 60000 détenus pour 47000 places, multiplication des détentions provisoires ou définitives et abaissement du seuil d'incarcération. Il faut aussi s'inquiéter du développement des procédures à l'anglo-saxonne qui consiste pour des petits délits à ne pas passer devant un juge, et sans avocat, être condamné tout en bénéficiant d'une petite ristourne en cas de reconnaissance des faits : ce type de procédure remet en cause le principe d'une justice équitable. Ainsi les magistrats du siège peuvent gêner le pouvoir politique, c'est pourquoi dans le domaine des affaires financières, nous manquons de plus en plus de moyens d'investigation. De plus en plus, on veut faire fonctionner la justice avec le parquet et c'est même la police qui en vient à dicter le type de procédure pénale à mettre en oeuvre. Autre préoccupation : les fichiers de Police tendent à supplanter le casier judiciaire. Nous entrons là dans des fonctionnements qui peuvent relever de l'arbitraire comme un suédois arrivé en France et réembarqué en Suède à l'occasion du dernier G8 parce qu'il figurait dans un fichier sans avoir été jamais condamné. Nous sommes là confrontés à une mise en cause de l'expression citoyenne et syndicale. Nous sommes des hordes de barbares qu'il faut éradiquer. Jean Claude Amara (Droits Devant) se réjouit qu'en 1998 la mondialisation libérale soit "black-outée" par une mobilisation citoyenne à travers l'échec de l'Accord Multilatérale à l'Investissement (AMI). En novembre 1999 à Seattle, ce fut un deuxième coup de griffe porté, car les pauvres qui s'organisent constituent un danger monumental pour ce système fait de répression sécuritaire, de développement du caritatif. Le caritatif est aussi une forme de collaboration avec le tout répressif. Les commerçants de la misère comme la Sodexho et ACCOR deviendront de plus en plus nombreux et se feront de l'argent sur le dos des pauvres. Aujourd'hui les "sans" ne peuvent pas voter, seuls, ils ne disposent même pas de l'outils de la grève. Il faut aussi dénoncer cette pénalisation de plus en plus importante de ceux qui soutiennent les "sans" comme certains militants associatifs. Groupons nous pour que pas une lutte ne reste méconnue, soyons tous solidaires et n'oublions pas ceci le "Avec" d'aujourd'hui sera peut être le "sans" de demain. Michaël Dauvergne du collectif SALAM (Soutenons, Aidons, Luttons, Agissons pour Gisèle Vidalec (CGT) dénonce la situation dans les "Macdo" et la dérive répressive appuyée par le gouvernement. Aujourd'hui, un directeur adjoint est dans la ligne de mire car il refuse un sytème qui repose sur les brimades, le racisme, courber l'échine. A Perpignan, deux salariés des Autoroutes du Sud de la France ont été licenciés, d'autres sont déportés à 500 km de leur famille parce qu'il ont participé à une manifestation piétonne sur le domaine du réseau autoroutier : on criminalise l'action syndicale, c'est un véritable scandale. Aujourd'hui, les délits financiers ne sont jamais punis. Pendant que le président Chirac fait une loi pour se protéger, il emprisonne des syndicalistes. Il faut transversaliser les luttes. Oméia Seddik du MIB (Mouvement de
l'Immigration et des Banlieues) évoque la question de la peur comme étant une
construction organisée par les institutions à l'intérieur des cités et des quartiers
populaires. Pour preuve, la majorité des gens en ont une image bien précise. On pourrait
repérer dans ces quartiers plusieurs catégories : Thoo Chit porte parole des victimes du chantier Total en Birmanie témoigne (traduit par Farid Ghehioueche) : La Birmanie est une des pires dictatures du monde. Aung San Suu Kyi a été à nouveau arrêtée au mois de mai. "Mon pays est un très beau pays mais il est très mal gouverné par une dictature militaire. Il y a un million de réfugiés à la frontière et un million de travailleurs illégaux en Thaïlande. l'entreprise TOTAL soutient ce régime et lui permet d'acheter des armes qui servent pour la répression. Nous demandons le retrait de Total en Birmanie". Un militant du Collectif des inculpés de Fumel intervient pour appeler la mobilisation du 17 septembre à Agen pour le procès de militants chômeurs poursuivis car ils ont mis hors d'usage un incinérateur polluant. José Bové annonce qu'en fin de
matinée il y a près de 120 000 personnes qui sont déjà arrivées sur le site de Larzac
2003 et que des voitures sont garées à 10 ou 15 km de là. En faisant référence à son
expérience modeste de la prison, il dénonce ce qui se passe à l'intérieur comme
véritablement insupportable. Enfermé 22h sur 24, dans des cellules où il fait entre 40
et 50°, ainsi la destruction de l'individu est organisée. Les prisonniers sont sans
aucun droit, quand les conditions sont inacceptables, c'est la camisole chimique. Puis
José Bové s'insurge contre la situation des handicapés comme cet homme aveugle et assis
dans sa chaise roulante enfermé avec un autre détenu qui lui sert de garde malade. on
est dans une situation criminelle. Comment le président Chirac peut il faire des
handicapés un chantier national quand on tolère que des parloirs soient situés dans les
étages les rendant inaccessibles pour ces derniers ? Il faut dénoncer ce qui se passe
dans les prisons. Avec le plan Bédié, il s'agit de mettre encore plus de monde dans les
prisons: c'est la gestion de la pauvreté par les prisons. Les services sont gérés par
les boites privées. Les entreprises gagnent de l'argent sur les prisonniers. Les produits
à cantiner se retrouvent entre 3 et 10 fois le prix qu'on trouve à l'extérieur. On
donne à manger une nourriture de très mauvaise qualité aux prisonniers. Certains
prisonniers condamnés à plus de 18 mois sont interdit de travailler : comment ont est en
train de les faire crever à petit feu. |
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