
En Suisse, si les murs
pouvaient parler... |
Vendredi
30 mai, l'ensemble des ATTAC d'Europe organisaient à la Maison du faubourg de Genève un
colloque international sur le thème "Contre l'expropriation des peuples,
réapproprions-nous notre avenir !". En fin d'après-midi, une plénière s'intéressait plus particulièrement aux conflits mondiaux et à qui
ils profitent ? Sur ce point, l'intervention de Franck Garbely (journaliste suisse)
établissant la relation entre le secret bancaire suisse et la politique de défense
américaine au cours de ces dernières décennies constituait l'élément principal :
Aujourd'hui la Suisse se présente à la fois comme le pays le plus riche et comme une
nation qui se veut exemplaire sur le plan de la démocratie. En
fait, le secret bancaire cache une réalité qui est une combinaison de protection des
intérêts des dictateurs et de spoliations des droits des peuples. L'intervenant rappelle
le rôle que jouait déjà la Suisse au cours de la première moitié du XXème siècle :
favoriser l'afflux des capitaux français fuyant les mesures
sociales du gouvernement de Léon Blum dans les années 30, offrir des sociétés écrans
pour, que par exemple, les nazis puissent blanchir les richesses qu'ils ont pillés dans
toute l'Europe et en particulier les dépôts bancaires.
Puis Franck Garbely poursuit son intervention en précisant ce paradoxe des Etats Unis :
Tout en se déclarant à l'avant-garde du monde libre et de la défense de la démocratie,
le gouvernement américain a très souvent choisi de soutenir des dictatures dans la lutte
engagée contre les soviétiques. Dans les année 40, une sorte d'autorité constituant
véritablement un Etat dans l'Etat a été créé : le Conseil National de Sécurité
(NSC). A travers cette institution, il s'agissait d'impulser des stratégies militaires
plus ou moins secrètes pour à la fois combattre les communistes et imposer la
prédominance du système de valeur américain. D'ailleurs, dans la mise en oeuvre de
cette politique le NSC a été jusqu'à chercher d'ancien nazis ou autres criminels
de guerres. Politiques économiques agressives, contrôle des marchés et logiques de
guerre permanentes se sont fait aux prix de sabotages, contre sabotages, soutiens à des
éléments anti- communistes comme le réseau de Ben Laden dans le but de déstabiliser
des gouvernements. Dans les coulisses de l'administration américaine on a plus
vulgairement qualifié ces pratiques d'opérations spéciales. On se rappelle de ce 11
septembre 1973, où ceux qui se réclament encore les défenseurs de la démocratie,
ont largement contribué au renversement du gouvernement démocratiquement élu de
Salvador Allende.
Franck Garbely revenant sur le cas suisse précise même que derrière chaque grande
guerre qui ont secoué le monde, au cours des dernières décennies, on retrouve les intérets américains. Et derrière ceux-ci, en prestataire
de services : le système bancaire de la confédération Helvétique. Il évoque ainsi
plusieurs enquêtes, qui au cours des dernières années, ont révélées que des
trafiquants suisses avaient transféré des fonds pour financer la guérilla contre
l'Union Soviétique. Il confirme que le trafic de drogue et que la lutte contre celui-ci
avaient servi d'armes dirigées contre la population comme cela s'est produit plusieurs
fois en Amérique Latine. Puis, il explique que des sociétés suisses se sont
parfaitement rompues à la gestion de l'argent quand il s'agit de le blanchir dans des
contextes plutôt délicats : les transferts d'armements sous
embargo, la violation de l'interdiction de l'exportation de certaines marchandises
vers l'Afrique du Sud au temps de l'Apartheid... Il regrette aussi l'attitude du
gouvernement helvétique qui a été d'ordonner la mise au secret de certains documents,
pour éviter que des sociétés suisses soient misent en cause dans de telles affaires.
|